Les tribulations du motard en bois
CHAPITRE XIX
Installation au château de SCHOENECK
Avant de rejoindre sa propriété alsacienne, Tristan a fait un détour par Gisors. Il espérait avoir des nouvelles de personnages qu’il avait connu quelques siècles plus tôt. Malheureusement le Comte de Roswel, le comte de Rüchlingen, Félippé le mousseux et Kaptain Krapps sont depuis bien longtemps engagés dans les compétitions du divin circus.
Toutefois, il sait qu’à l’époque, ces personnages hors du commun, s’étaient l’un après l’autre retiré en Lotharingie et y avait eu moult descendances.
Tristan ne perdait donc pas espoir de retrouver les fillauds de ces preux chevaliers.
Il lui fallait d’abord prendre ses marques, s’initier à la langue locale et parer au plus pressé pour les bâtiments.
La demeure telle qu’il la trouve
Une anecdote le fait régulièrement sourire.
Alors qu’il approchait de sa résidence, après avoir dépassé Bitche et pris la direction de Wissembourg, à la croisée d’un chemin, il demanda sa route à un autochtone : « Oyez brave homme , sauriez vous m’indiquer où se trouve le château de Schoeneck ? »
« Mais Woui, mon pon zeigneur, fou êtes à ras d’la schnecke, c’est bâs loin, encore guelques lieues tout droit en direction de Haguenau et fou y zerez »
L’accent et les expressions l’avaient impressionné. Maintenant il avait l’habitude et commençait à trouver cela charmant.
Tristan à Schoeneck
(Remarquez déjà la position du bras gauche !!!)
Tristan passe le plus clair de son temps à retaper sa propriété afin de la rendre décente et pouvoir y accueillir des amis.
Il lui faut peu de temps pour s’attirer la sympathie de la population locale qui voit d’un bon œil, ce chevalier qui, plus proches d’elle que les anciens propriétaires, met aussi un peu d’ambiance dans ce secteur où les loisirs ne sont pas monnaie courante.
Après avoir fait défricher les abords immédiats des remparts, il y a fait aménager une piste en terre battue, sinueuse et défoncée à souhait pour organiser des courses en tout terrain qui sont vite appréciées.
Ainsi, régulièrement les fins de semaine voient elles s’arsouiller en toute sportivité les meilleurs cavaliers du comté puis de la région. Bientôt la réputation de ces couses va largement dépasser le cadre de royaume de France….
Il est vrai que cette façon d’agir n’obtient pas le soutien des châtelains alentours du Falkenstein, Hohenburg et du Fleckenstein mais sa popularité est telle que personne n’ose s’opposer à ce nouveau mode de vie.
Les cavaliers arrivent souvent le samedi matin, après avoir chevauché pendant des dizaines de lieues parfois. Ils installent leur tente au pied du château et contre quelques écus, reçoivent une cervoise, un repas chaud et peuvent, soit participer, soit assister aux différentes courses qui débutent en général le dimanche après la messe de 9 heures et avant l’apéro de 11 heures.
Chacun se voit également remettre une médaille souvenir que certains arborent fièrement sur leur cotte maille.
La plus prestigieuse est celle organisée en plein mois de janvier appelée l’Hibernatustreffen.
A cette époque de l’année, il fait souvent en dessous de moins quinze degrés, la couche de neige est très épaisse et la course très dure.
Cela crée biens sûr des liens entre ceux qui ont eu le courage de braver les intempéries. Ils se retrouvent le soir autour de grands feux à raconter leurs aventures et leurs exploits , une cervoise à la main, le tonneau à portée de vue…
C’est à l’occasion de la troisième Hibernatus treffen que Tristan va avoir une surprise.
Alors que le samedi est déjà bien avancé, quatre cavaliers demandent à le rencontrer.
Ils viennent paraît il, de la région de Forbach.
Tristan n’hésite pas une seconde et les convie à sa table. Ces derniers se présentent :
« Françoé de Roswel, descendant du comte du même nom, Doumé de Rüschlingen, descendant du comte éponyme, Luciano Dannakrappen, descendant de la tribu et du Kaptain Krappi, Philou Crémant descendant du Mousseux…. »
L’émotion est à son comble pour Tristan qui reconnaît dans chacun des personnages qui viennent de lui être présenté, les traits de leurs aïeux qu’il a côtoyés, lors de diverses et précédentes aventures.
« Mais dit il, le Bon Marquis de Warpomme n’a t-il point eu de fillauds ? »
« Non répond Luciano, on le sait parti dans la région de Normandie, on ne sait point s’il a fait souche ni s’il a moindre descendance, mais nous pensons nous renseigner à l’avenir »
Le lendemain dimanche, les nouveaux amis de Tristan, Baron de Schoeneck, participent à la course des seniors.
Dès le premier tour, Philou se prend un trou dans une épingle, casse un étrier et une œillère et doit abandonner.
Dannakrappen qui mène les trois premiers tours, penche un peu trop sa monture dans un virage à gauche et va s’éclater dans un massif de fleurs qui lui permet de limiter les dégâts à une rêne cassée. *
Françoé qui reste régulier attend l’avant dernier tour pour voir son cheval (schwall) présenter des symptômes de grippe intestinale et devoir lui aussi abandonner sur fuite à l’échappement.
Heureusement, Doumé sauve l’honneur et remporte un premier succès de plusieurs longueurs sur le second, un certain James qui coure sous des couleurs d’un pays de l’Est en rouge et blanc.
To be continued….